Le 1,3 DMAA ou 1.3-diméthylamylamine est une substance excitante retrouvée dans certains anciens pré-workout tels que l’ancienne formule de Jack-3D, hemo rage ou bien le hot blood. Encore présent au marché noir, le DMAA a reçu une interdiction de commercialisation en France à la date de Juillet 2012. Nombreux sont ceux à avoir essayé « l’ancienne formule » des produits cités, et a avoir été déçu quant aux effets moins marqués de ces nouvelles formules. Le DMAA est il une substance vraiment dangereuse? Que nous disent les pratiquants ou experts dans le milieu? C’est ce que nous allons essayer de comprendre à travers cet article.
I. QU’EST CE QUE LE DMAA ou 1,3-diméthylamylamine?
Le DMAA ou 1,3-diméthylamylamine est une molécule ayant des propriétés pharmacologiques poches de celles des psychostimulants, c’est en effet un analogue de la famille des amphétamines.
Extrait du géranium, le 1,3-DMAA apparaît comme être un simple amine aliphatique fonctionnant comme un inhibiteur de la recapture de la norepinephrine et/ou un agent de libération de la norepinephrine. En somme, il permet de conserver une concentration de norepinephrine élevée (neurotransmetteur excitateur ayant un rôle sur l’attention, l’apprentissage, l’éveil, la vigilance…) au sein des jonctions synaptiques, permettant une augmentation de l’excitation du système nerveux par son action sur les récepteurs alpha et bêta adrénergique.
Lorsque vous consommez du 1,3-DMAA, vous augmentez l’excitation de votre système nerveux afin d’être plus « motivés » ou « focus » sur votre entraînement, c’est un coup de fouet pré-entrainement.
II. DMAA ET RISQUE SUR LA SANTÉ, QUE NOUS DISENT LES ÉTUDES?
Dernièrement, c’est le rapport de l’ANSES (rapport d’expertise collective, 2016) qui a tiré la sonnette d’alarme. De nombreux cas de nutri-vigilances ont été rapportés concernant des symptômes pouvant être imputables aux effets de la consommation de 1,3-DMAA, que ce soit dans le cas d’usage récréatif ou en prise de complément alimentaire.
Cependant, que nous disent les études sur ce sujets en lien avec les pratiques réelles en matière de consommation de produits contenant cette substance tant controversée… le 1.3-DMAA…?
Plusieurs études corroborent l’information selon laquelle l’utilisation du 1,3-DMAA constitue un danger, de part ses effets secondaires. Initialement utilisé en pharmacologie comme décongestionnant nasal (1944), il fut détourné de son usage médicale pour en devenir une drogue récréative pour certains, et un ingrédient de pre-workout pour d’autres.
En 2011, Bloomer et al étudièrent l’effet du 1,3-DMAA avec ou sans concomitance de cafféine. Ils ont pu se rendre compte assez vite que l’utilisation seule du 1,3-DMAA (250 mg) ou en prise avec de la caféine (75mg) constituait un risque sur des fonctions vitales, comme l’augmentation de la pression systolique et diastolique. Ces informations ont été complétés par l’étude de Farney et al en 2012, notamment sur l’effet du produit OxyElite Pro et du Jack3D avec deux doses journalières (2 scoop). L’ingestion de 2 scoop journalières (délais de 14 jours) semblait provoquer une augmentation de la pression systolique, diastolique et une sensation d’augmentation de la pression vasculaire sur des points de pression (carotides par exemple… on sent une pression qui monte). La même année, Gee et al. publient trois cas d’études faisant état de conséquences médicales après la consommation de 1,3-DMAA (30 minutes après en moyenne), deux à usage récréatif avec poly-consommation de substance (alcool etc), et une jeune femme ayant consommé un complément alimentaire pour perdre du poids. Les effets secondaires furent assez inquiétants: convulsions, céphalées, vertiges, vomissements et mouvements involontaires des jambes et bras, désorientation et agitation, hémorragie cérébrale dans la zone du ganglion basale. Suites aux nombreux cas recensés et aux mises en gardes médicales, C. Van Hout conclue en 2015 que l’usage récréatif de 1,3-DMAA constitue un comportement à observer de près.
III. CONFIDENCES D’UN ANCIEN CONSOMMATEUR A LA SALLE
C’est entre deux séries que G. se confie à nous concernant les effets de ce fameux 1,3-DMAA. 2 minutes de récupération suffiront à nous dresser un tableau objectif de la situation. Il y a 5 ans, G. passe commande sur un site de vente de compléments alimentaires connu, se laissant séduire par l’effet « coup de fouet » promis par le site sur ce complément alimentaire. Il regarde commentaires et témoignages sur le Jack-3D, se renseigne auprès de copains qui en consomment, et décide finalement de l’ajouter dans son panier de commande. 30 euros pour reprendre un peu d’énergie après 8h00 de manutention avant d’aller à la salle n’est pas un luxe mais une nécessité pour ce pratiquant éreinté par un travail physique.
Le produit arrive, bien emballé, dans un packaging pourtant très soft mais qui donne un rendu très sérieux avec notamment une écriture stipulant « University studied » (étudié à l’université). Les doses recommandées sont entre 1 et 3 « scoop » indiquées par une petite dosette à l’intérieur du pot. G. est prudent et décide d’y aller doucement avec pour premier test « Une dose ». Avalé avec ses BCAA, le pre-workout semble l’activer un peu. Il décide progressivement de monter jusqu’à trois doses… Et là c’est le drame. Une séance jambe qui s’écourte à cause de crampes d’estomac et un besoin de vidange assez pressant. Squatter fort est contre indiqué si l’étanchéité est compromise. G. a bien compris l’effet réel du produit, et la sensation qu’il ressentait lorsqu’il en prenait. Cet effet d’euphorie modéré lui était très plaisant, mais il nous confie avoir voulu arrêter le produit après la répétition de certains effets secondaires tels que ses problèmes digestifs ou ses palpitations durant l’entrainement lorsqu’il prenait le produit, qui semblait être dose-dépendant concernant l’effet.
Aujourd’hui G. n’a plus besoin de ce produit, il le remplace par un ré-ajustement alimentaire concernant les glucides ainsi que de la Tyrosine en pré-entrainement pour combler les coups de mou et favoriser les ressources nécessaires à la synthèse de dopamine et par extension de noradrénaline. (La Tyrosine est le précurseur de base de la DOPA, Dopamine et Noradrénaline). Il a été tenté d’en reconsommer, mais malheureusement les nouvelles formules ne semblaient pas être aussi prometteuses que l’ancienne, aux dires de ses compagnons de fonte. Il a bien tenté d’en retrouver au black market par importation, mais le prix annoncé avait triplé pour une provenance non certifiée…
3’15 minutes de récupération, on a un peu débordé, G. retourne focus sur sa dernière série de bench…
IV. UN COMPLÉMENT ALIMENTAIRE « PRE WORKOUT SANS DANGERS », QUE PENSER?
Nous arrivons à la fin de cet article et nous ne pouvons qu’être perplexe quant à la multitudes de sources d’informations concernant les effets du 1,3-DMAA. Que ce soit des données scientifiques ou des cas d’études de personnes ayant souffert de ces effets, nous avons du grain à moudre.
Concernant les recherches scientifiques, et les cas de nutrivigilances, nous ne pouvons qu’entendre une nécessité de peser le pour et le contre sur les bénéfices/pertes de la consommation d’une telle substance. Certes les études possèdent des limites, il n’y a pas eu d’études en contexte de consommation d’un Bodybuilder dans son training, d’études en double aveugle ou encore de groupe contrôle avec placebo et les cas sont trop rares pour en faire une certitude statistique.
Je ne peux que conseiller aux futurs utilisateurs de sérieusement penser aux conséquences de l’utilisation d’un tel produit aux vues des données récoltées jusqu’à présent. Vous restez responsable de votre santé et de vos actes, mais n’oubliez pas qu’il faut pratiquer dans le plaisir, et non dans l’auto destruction.
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