Les compléments alimentaires, le mal du siècle selon certains septiques, ou les solutions miracles pour l’optimisation des gains selon les plus fervents. Que penser? L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a tranché avec un rapport d’expertise collective « les compléments alimentaires destinés aux sportifs« .
Ce rapport publié en novembre 2016 à su faire polémiquer les réseaux sociaux aussi vite qu’il fut entériné. Cependant, l’expertise qui a été faite de par l’important nombre d’articles décortiqués, fait de ce document quelque chose de très dense, dans lequel nous pouvons retrouver des éléments aussi pertinents que susceptibles d’être remis en question. La science n’a pas pour vertu d’être non réfutable. Ainsi, prêcher les conclusions générées ou mises en avant par ce rapport comme une croyance absolue est une réelle erreur. Cependant, prôner que ce rapport est un condensé d’inepties sans avoir entrepris soi-même une démarche scientifique permettant de réfuter ce papier constitue aussi une erreur grossière.
Nonobstant, la méthodologie de certaines études est à revoir comme le nombre de participants (pour la puissance statistique par exemple), ou encore la présence d’études non effectuées en doubles aveugles (prophéties auto-réalisatrice dans les résultats), ou encore entreprises sur les animaux et non les humains etc… Tous cet ensemble peut constituer de sérieux doutes concernant la validité de certaines de leurs conclusions sur les substances étudiées.
1. RAPPORT ANSES, DE QUOI SE COMPOSE T-IL?
Le 2 Janvier 2014, l’ANSES pris la décision de réaliser l’expertise « risques liés à la consommation de compléments alimentaires destinés aux sportifs visant le développement musculaire ou la diminution de la masse grasse ». Deux ans plus tard, le 7 novembre 2016, paraissait le rapport d’expertise regroupant services et professionnels de tout horizons. Ce sont les signalements, 49 au total, qui ont été collectés dans le cadre de la nutri-vigilance et une revue de littérature dantesque qui ont permis la constitution de ce rapport copieux.
Dans les substances étudiées, on peut retrouver (dans les substances non interdites) : protéines, BCAA, glutamine, HMB, L-tyrosine, B-alanine, arginine, créatine, DHEA, tribulus terrestics, plantes du genre smilax, vanadium, chrome, L-carnitine, choline, PEA, Cissus quadrangularis, coleus forskohlii, garcinia cambogia, magnolia officinalis, evodiamine, caféine, théobromine, p-synéphrine, cétone de framboise.
Concernant les substances interdites qui ont été étudiées : AAS, clenbutérol, ephédrine, sibutramine, DMAA, 2,4 DNP.
2. RAPPORT ANSES, LES RECOMMANDATIONS
Les recommandations de l’ANSES sont simples et bienveillantes, ne condamnant pas l’utilisation des compléments alimentaires ni ne poussant à la consommation. Il faut reconnaître qu’ils sont restés très neutre dans la production de ce rapport.
1. Éviter les compléments alimentaires lorsque l’on présente des facteurs de risque cardiovasculaire, rénale ou hépatique.
2. Déconseillés aux enfants, adolescents, femmes enceintes ou allaitantes.
3. Les compléments alimentaires contenant de la caféine sont déconseillés aux personnes adultes étant sensibles à cette substance.
4. Il est déconseillé de prendre des compléments alimentaires en même temps que des traitements médicamenteux.
5. La consommation de compléments alimentaires doit être mentionnée à son médecin traitant et son pharmacien.
6. Les consommateurs sportifs doivent faire attention à la composition des produits consommés et privilégier les produits conformes à la norme AFNOR NF V 94-001 (juillet 2012).
7. Les consommateurs et intermédiaires de vente doivent privilégier les circuits d’approvisionnement les mieux contrôlés par les pouvoir publics.
8. Nécessité de continuer la recherche à travers des études longitudinales sur les effets potentiellement toxiques de compléments alimentaires.
3. QUE PENSER?
Ce rapport a été accueilli avec beaucoup de réactance, preuve qu’il a su toucher la corde sensible chez certains, sponsorisés et non sponsorisés. Il est vrai que de nombreuses études présentent des biais (non reproductibilité, petits échantillons, faibles résultats, modèles animal…) et qu’elles peuvent laisser de nombreux doutes sur la pertinence des réponses qu’elles amènent. Cependant, il n’en demeure pas moins que ces pistes ne doivent pas être ignorées maintenant que le potentiel toxique de certaines substances à été mis en avant (DMAA par exemple) ou que le doute à pu s’installer aux vues du nombre grandissant de cas « nitro-vigilance ». A l’heure de l’hyper-commercialisation du corps, avec de nouveaux produits sortant quotidiennement et de l’engouement pour le body, il demeure important de se questionner intelligemment sur la nécessité de la prise de compléments alimentaires pour accéder à ses objectifs. Souvent, la consommation de compléments alimentaires est anarchique, et injustifiée, ne respectant pas les posologies journalières (non respect des capacités de l’organisme à digérer et assimiler les substances, surdosages de substances présentes dans plusieurs produits…). Une pratique adaptée est une pratique qui structure l’individu dans le respect de ses possibilités, tout en respectant sa santé. L’adaptation c’est l’intelligence nous disait André Gide (écrivain Français) et Jean Piaget (psychologue cognitiviste). Adapter sa consommation de compléments alimentaires avec sa pratique sportive, et sa diète, c’est maximiser ses chances d’obtenir des résultats sérieux !
Consommez avec modération et justification !
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