Dyslexie et syndrome de déficience postural, un lien improbable mais pourtant bien présent ! C’est ce que l’équipe d’ophtalmologie du CHU de Dijon et leurs collaborateurs ont mis en avant dans leur recherche à travers l’étude de 60 patients âgés entre 8 et 16 ans.
Avant toute chose, il faut définir les différentes notions abordées :
- Dyslexie : trouble du développement touchant entre 6 et 10% des enfants scolarisé en France, étant définie comme un trouble de l’acquisition du langage écrit avec trois formes (phonologique, lexicale et mixte).
- Proprioception : l’appréciation de la position du corps dans l’espace, de l’équilibre et de ses modifications par le système musculaire.
- SDP : Syndrome de Déficience Postural défini une altération de l’équilibre tonique, oculaire et posturale menant à un défaut du système d’information proprioceptive et du système d’information visuelle.
Leur méthodologie de recherche :
Seuls les participants de sexe masculin ont été inclus pour limiter le nombre de biais, tous ayant eu un bilan neuropsychologique à l’aide d’échelles standardisées servant à confirmer le diagnostique de dyslexie. Un questionnaire sur le SDP avec des examens cliniques réalisés à partir de la description du SDP ont été proposés, tout en suivant un protocole échelonné en 9 étapes.
Description SDP :
- Recherche d’un trouble de la convergence
- Examen de l’appui plantaire et des asymétries posturales
- Perception de la localisation des pieds
- Mise en évidence d’un trouble de la localisation spatiale (« test du crayon »)
- Évaluation d’une asymétrie de rotation de la tête dans le plan horizontal
- Évaluation d’une asymétrie d’extension de la tête dans le plan sagittal
- Recherche des pseudo-scotomes directionnels au synoptophore
- Typage du SDP
- Examens complémentaires
Diagnostic dyslexie:
- Retard de lecture supérieur à 18 mois entre l’âge chronologique et l’âge de lecture de l’enfant
- Test de l’Alouette positif
Leurs conclusions :
- 100% des patients dyslexiques présentent des signes physiques permettant d’établir le diagnostic de syndrome de déficience posturale.
- 97% des cas observés étaient atteint d’un SDP de type mixte et pur (parmi ces 97%, 60% avaient une extension et une rotation perturbée du côté gauche/ 35% avaient une rotation et une extension perturbée du côté droit).
Les limites de leurs recherches :
Cette étude a pour mérite de montrer une nouvelle voie de recherche concernant le lien fait entre syndrome de déficience postural et la dyslexie. Cependant, il faut noter que l’article ne met pas de distinctions entre les différentes dyslexie (phonologique, lexicale, mixte) et n’investigue pas le sphère émotionnelle (à l’aide de questionnaires, tests projectifs…), développementales (histoire de vie, traumatismes, caractéristiques socio-géographiques) et psychopathologiques des enfants. La non comparaison entre les sexes est un facteur qui mériterait d’être pris en considération, pour mieux appréhender la spécificité (ou non) de la prévalence en fonction du sexe. De même, les pratiques d’activités physiques chez les enfants n’ont pas été enquêtés, ce qui aurait pu ouvrir une discussion sur la nécessité du sport dans le développement moteur et cognitif des enfants, en prévention des troubles dys- et SDP. L’échantillon trop petit, ne permet pas de générer la construction d’un modèle de prédictibilité. Cependant, la réplicabilité de cette étude permettrait d’asseoir des résultats très intéressants en prenant en compte une approche holistique afin de mieux comprendre les trajectoires développementales de ces enfants et prévenir l’émergence de tels troubles.
Jérôme Cuadrado
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